• Traduire Mylène DesclauxLe titre donné à ce billet n’est peut-être pas exact s’il suggère l’existence d’un style Desclaux, car l’écrivaine Mylène Desclaux nous a montré deux styles très différents d’écriture dans les deux livres qu’elle a publiés à ce jour.

    Celui que j’ai traduit, Les jeunes femmes de 50 ans, était la transposition de son blog Happy Q – le blog des jeunes femmes de 50 ans. Le texte est informel, drôle, ponctué de jeux de mots. Elle aborde des sujets légers et profonds, amusants et tristes, en s’adressant souvent à ses lecteurs et lectrices, comme dans une conversation familière, voire intime. Son deuxième livre, Gala et moi, paru en juin dernier, est, quant à lui, un roman plein de tendresse, écrit avec beaucoup de finesse.

    Ce fut justement le ton conversationnel informel de Les jeunes femmes de 50 ans qui m’a donné du fil à retordre. Tout d’abord, comme j’ai mentionné plus haut, en raison des nombreux jeux de mots et expressions idiomatiques présents dans le texte qui n’avaient pas d’équivalents en brésilien, il a fallu être créative pour traduire le sens tout en respectant le ton. Mais, surtout, parce que ce livre, davantage que tous les livres académiques que j’ai traduit, m’a obligé à prendre des décisions qui n'étaient pas toujours évidentes en raison des références culturelles qui renvoyaient au temps qui passe et aux différents moments de nos vies.

    Traduit également en anglais, j’ai cru comprendre, par le titre donné par son éditeur américain, que son choix éditorial privilégiait une approche culturelle du texte, en mettant en exergue la nationalité de l’auteure, peut-être pour attirer les futures lectrices américaines en utilisant les spécificités de la cinquantenaire française que les américaines semblent adorer. Je n’ai pas lu la version anglaise, mais c’est ce que le titre Why French Women Feel Young at 50 laisse croire.

    Au Brésil, nous avons opté pour une autre approche, non pas fondée sur ce qui nous distingue, mais sur ce qui nous unit en tant que femmes, sans effacer, bien évidemment, les particularités du contexte socioculturel de l’écrivaine. Nous avons parié sur l’identification des lectrices brésiliennes avec les arguments présentés par l’auteure. Et cela comprenait la portion nostalgique, l’évocation de la mémoire, surtout lorsque l’écrivaine remémorait sa jeunesse à l’aide des hits musicaux d’alors. Et pour que les lectrices brésiliennes puissent se transporter vers leurs propres jeunesses avec la même intensité que l’auteure, nous avons adapté quelques références à notre univers culturel. Cela concerne trois lignes dans tout le texte qui m'ont pourtant empêché de dormir plusieurs nuits.

    Nous avons choisi cette approche controversée car, au Brésil, davantage que dans beaucoup d’autres pays, la musique joue un rôle central dans la vie personnelle des Brésiliennes. Nos artistes ont composé la bande-son originale de nos histoires d’amour et de divers événements importants, de moments uniques qui laissent des marques indélébiles.   

    Ces choix ne sont pas anodins et sont souvent polémiques, mais je suis convaincue qu’ils aideront les lectrices brésiliennes à voir que, au-delà des différences socioculturelles qui séparent une habitante de la forêt amazonienne d’une parisienne du 16e arrondissement, nous vivons, toutes, des moments de profonde joie et tristesse, des chagrins d'amour, nous nous reconnaissons dans la mélancolie apportée par le nid vide, nous sommes effrayées par les changements physiques observés dans notre corps tout au long de nos vies et nous appréhendons vieillir. En bref, ils nous aideront à découvrir la force et la fragilité de l’humanité qui nous rapproche.

    Gala et moi, Mylène Desclaux, JC Lattès, 2023.

    Les jeunes femmes de 50 ans, Mylène Desclaux, JC Lattès, 2018.

     

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  • Traduzir Mylène Desclaux

    O título que dei a este post não é exato, pois sugere a existência de um único estilo Desclaux. Porém, a escritora francesa Mylène Desclaux nos mostrou dois estilos muito diferentes de escrita nos dois livros que publicou até o momento.   

     

    O livro que traduzi para a editora Haryon, As jovens mulheres de 50 anos, foi a transposição de seu blog Happy Q - le blog des jeunes femmes de 50 ans. O texto é informal, divertido, pontuado por trocadilhos e é também muito heterogêneo na forma e no conteúdo, pois aborda assuntos leves e profundos, engraçados e tristes, dirigindo-se a seus leitores (e particularmente a suas leitoras) como se estivessem numa conversa familiar e, em alguns trechos, íntima. Já o seu segundo livro, Gala et moi, publicado em junho deste ano, é um romance cheio de ternura, escrito com muita reflexão e delicadeza.   

     

    E foi justamente esse tom de conversa informal de As jovens mulheres de 50 anos que me deu muito pano pra manga. Em primeiro lugar, como mencionei acima, pelos muitos trocadilhos, ditados e expressões idiomáticas que não tinham equivalentes em português. Tive que ser criativa para traduzir o sentido respeitando a forma. Mas, acima de tudo, por esse livro, mais do que qualquer livro acadêmico que traduzi, ter me obrigado a tomar decisões não muito óbvias no que diz respeito às referências culturais que a autora relaciona aos diferentes momentos das nossas vidas.   

     

    Também traduzido para o inglês, entendi, pelo título dado pela editora americana, que a escolha editorial baseou-se numa abordagem cultural do texto, destacando a nacionalidade da autora e, provavelmente, as características específicas da cinquentona francesa. Não li a versão inglesa do livro, mas é isso que o título Why French Women Feel Young at 50 sugere.   

     

    No Brasil, optamos por uma abordagem diferente: não nos baseamos no que nos diferencia, mas, ao contrário, no que nos une como mulheres, nas nossas similaridades, sem apagar, é claro, as particularidades do contexto sociocultural da escritora. Apostamos na identificação das leitoras brasileiras com os argumentos colocados pela autora. E isso incluía a porção nostálgica, a evocação da memória, principalmente quando a escritora rememorava sua juventude pelos hits musicais de então. E para que as leitoras brasileiras pudessem se transportar de volta à sua juventude com a mesma intensidade que a autora, adaptamos algumas referências ao nosso universo cultural, pois aquelas citadas pela autora não tinham apelo afetivo ou qualquer significado emocional no Brasil (deixando as originais no pé de página).  São apenas duas frases do livro, mas que me impediram de dormir diversas noites. 

     

    Optamos por essa abordagem por que, no Brasil, mais que em muitos outros países, a música desempenha um papel central na vida pessoal das mulheres brasileiras. Nossos artistas compuseram a trilha sonora das nossas histórias de amor, de eventos importantes, de momentos únicos que deixam marcas indeléveis. Quando ouço Meu erro do Paralamas do sucesso, posso sentir, nas minhas entranhas, a alegria das noites festivas do verão carioca com meus amigos surfistas com os quais escrevi um capítulo maravilho da minha própria novela.     

     

    Estas escolhas não são anódinas e são sujeitas a críticas. Mas tenho a certeza de que contribuirão para que as leitoras brasileiras percebam que, para além das (muitas) diferenças socioculturais que separam uma paraense ribeirinha de uma parisiense do 16° arrondissement de Paris, todas nós vivenciamos momentos de profunda alegria e  tristeza, reconhecemo-nos na melancolia trazida pelo ninho vazio, assustamo-nos com as mudanças físicas observadas em nosso corpo no decorrer de nossas vidas e tememos o envelhecer. Em suma, para que descubramos, juntas, a força e a  fragilidade da humanidade que nos aproxima.   

    As jovens mulheres de 50 anos, lançamento em breve no Brasil pela editora Haryon.

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  • Le traducteur et « ses » auteurs

    Je ne sais pas si tout le monde raisonne comme moi, mais je pense qu'on ne cesse jamais d'aimer quelqu'un que l'on a aimé un jour. Amis, petits amis, professeurs même si la forme de cet amour change avec le temps, ceux que nous avons aimés profondément d'une manière ou d'une autre seront toujours spéciaux à nos yeux. Je ne pense pas qu'il soit possible de regarder un ex-petit ami sans que des souvenirs de moments partagés nous viennent à l'esprit ; d’être avec un ami d'enfance sans penser aux bêtises faites ensemble et aux rêves partagés d'un avenir idéalisé. Aujourd'hui, comme conséquence de mes choix personnels, mes relations amicales sont essentiellement virtuelles, mais les personnes que j’ai aimées sont toujours en moi, elles ont contribué à former l’adulte que je suis devenue.

    Je crois qu'il y a un peu de cela dans la relation que j'établis avec les auteurs que je traduis. Je ne sais pas si mes collègues traducteurs partagent ce sentiment, mais la relation qui s’instaure avec mes auteurs est particulière. J'ai la chance d'avoir traduit des auteurs que j'admire. Aurais-je un discours différent si tel n'était pas le cas ? (À ce propos, il faut que je lise absolument et très vite Traduire Hitler de l’excellent Olivier Mannoni qui a retraduit Mein Kampf). Quoi qu'il en soit, une relation singulière s'établit, car elle est unilatérale, disproportionnée et totalement platonique. Après tout, la plupart d'entre eux n'ont aucune idée de mon existence, certains nous ont déjà quittés et ceux qui sont encore là appartiennent à une autre dimension de la vie sociale.

    L’établissement de cette relation particulière me semble inévitable, car j'aurais passé des mois avec chacun d'entre eux, en essayant joyeusement de m'introduire dans leur espace le plus personnel et intime, c'est-à-dire leur raisonnement, leur pensée, leur esprit, afin de saisir leur logique, ce qu'ils voulaient dire par l'emploi de tel mot, et respecter ainsi leur intention. Pendant des semaines, ces auteurs m'ont habitée, ils me réveillaient parfois la nuit par la crainte de m'être trompée sur le sens d'une phrase ou d'une expression, de leur avoir été infidèle, en somme. Si l'infidélité est une notion sujette à diverses interprétations en Occident lorsqu'il s'agit d'une relation amoureuse, dans la traduction elle est sans équivoque, car dans ma façon d’exercer ce métier, j'essaie de reproduire l’intention, l’intonation et l'état d'esprit de l'auteur avec des mots qui n'ont pas toujours d'équivalent dans la langue cible.

    L’année dernière, l’illustre historien français Paul Veyne est décédé. J’avais passé presque un an avec lui en essayant de comprendre les complexités de l'évergétisme hellénistique par son argumentation fine et sophistiquée, exposée dans son classique « Le Pain et le Cirque – Sociologie historique d’un pluralisme politique ». Il m’a guidée dans les méandres des aspects irrationnels de la politique dans l’antiquité, comme s’il s’adressait à moi. Ces divers mois en sa compagnie furent intenses et stimulants, au cours desquels j'ai beaucoup appris sur un sujet fascinant que j’ignorais complètement. À l’annonce de sa disparition, je me suis sentie attristée, comme lorsqu'on perd un oncle très lointain, mais que l’on aimait bien. 

    Récemment, j'ai osé prendre contact avec une auteure dont j'avais traduit le livre l'année dernière pour me présenter : « Vous ne savez pas qui je suis, mais j'ai passé les quatre derniers mois en essayant d'entrer dans votre tête ». Je ne sais pas ce qu'elle a ressenti en lisant cette phrase, peut-être m’a-t-elle prise pour une folle ? En tout cas, elle s'est montrée extrêmement affectueuse à mon égard (et, en plus, elle a eu la délicatesse d’acheter et lire mon petit livre autobiographique). Son livre sortira très prochainement au Brésil, je le recommande vivement. Les lecteurs brésiliens pourront alors non seulement se délecter des aventures parisiennes de Mylène Desclaux dans « Les jeunes femmes de cinquante ans », mais aussi comprendre mieux ce dont je parle dans ce billet, car cette auteure utilise de nombreuses expressions très françaises et beaucoup de jeux de mots dans un livre plein d'histoires piquantes où le double sens est omniprésent. 

    Mylène Desclaux, Les jeunes femmes de 50 ans, JC Lattès, 2018.

    Paul Veyne, Le Pain et le Cirque. Sociologie historique d'un pluralisme politique, Éditions du Seuil, 1976.

    Olivier Mannoni, Traduire Hitler, Éditions Héloïse D'Ormesson, 2022.

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  • O tradutor e o "seu" autorNão sei se todo mundo pensa assim, mas acho que nunca se deixa de amar alguém que se amou um dia. Amigos, namorados, professores… mesmo que a forma de amor mude com o tempo, aqueles que amamos profundamente de uma forma ou de outra serão sempre especiais aos nossos olhos. Não creio que seja possível olhar para um ex-namorado sem que venham à nossa mente lembranças de momentos partilhados; olhar para uma amiga de infância sem pensar nas travessuras feitas juntas, compartindo sonhos de um futuro idealizado. Hoje, como consequência de minhas escolhas pessoais, minhas relações amigáveis são majoritariamente virtuais, mas estas pessoas habitam em mim, fazem parte de quem eu sou, cada uma delas acrescentou um pouco ao adulto no qual me tornei.

    E penso que tem um pouco disso na relação que estabeleço com os autores que traduzi. Não sei se meus colegas tradutores partilham este mesmo sentimento, mas instauro uma relação particular com os "meus" autores. Tenho a sorte de ter traduzido autores que admiro (pergunto-me como deve ter sido para o excelente tradutor Olivier Mannoni ao traduzir Mein Kampf). É uma relação meio estranha que eu nunca teria aceitado na minha vida amorosa, pois é unilateral, desproporcional e não correspondida. Totalmente platônica. Afinal, a maioria não tem a menor ideia de quem eu seja, muitos até já não estão mais neste mundo, e os que ainda estão por aqui, pertencem a uma outra dimensão social.  

    Acho inevitável que seja assim, pois passei meses com cada um deles, tentando alegremente me introduzir no que eles têm de mais íntimo, ou seja, sua consciência, seu pensamento, seu espirito, para captar o que queriam dizer e respeitar sua intenção. Durante semanas, estes autores me habitaram, trazendo também apreensões que me despertaram muitas vezes assustada no meio da noite pelo medo de ter me enganado sobre o sentido de uma frase ou de uma expressão, de lhes ter sido infiel, em suma. Se a infidelidade é uma noção sujeita a diversas interpretações quando se trata de uma relação amorosa e adaptável ao que cada casal deseja para si (nos países realmente democráticos), aqui ela é inequívoca, pois na minha forma de exercer a tradução literária, tento reproduzir o intuito, as entonações, o raciocínio e o estado de espirito do autor com palavras que muitas vezes não têm equivalente em português.

    No ano passado, o ilustre historiador francês Paul Veyne faleceu. Passei quase um ano com ele tentando entender as complexidades do evergetismo helenístico através de sua argumentação fina e sofisticada, apresentada em seu clássico "Pão e Circo - Sociologia histórica de um pluralismo político". Ele me guiou pelos meandros dos aspectos irracionais da política na antiguidade, como se estivesse falando comigo. Aqueles meses com ele foram intensos e estimulantes, durante os quais aprendi muito sobre um assunto fascinante sobre o qual eu não sabia nada. Quando soube de sua morte, fiquei triste, como quando se perde um tio distante, porém querido.

    Recentemente ousei entrar em contato para me apresentar a uma autora cujo livro traduzi ano passado, dizendo-lhe: “Você não tem a menor ideia de quem eu sou, mas eu passei os últimos quatro meses tentando entrar na sua cabeça”. Não sei o que ela sentiu ao ler esta frase, provavelmente me achou meio louca, em todo caso foi extremamente carinhosa comigo. Ao ponto de ter comprado e lido o meu livro autobiográfico, o que me deixou lisonjeada. O livro dela será lançado em muito breve no Brasil e o recomendo fortemente. As leitoras brasileiras poderão então não somente se deliciar com as aventuras parisienses da Mylène Desclaux em “As jovens mulheres de cinquenta anos”, mas também entender perfeitamente o que digo neste post, pois a autora usa muitas expressões tipicamente francesas num livro cheio de histórias picantes sob as quais o duplo sentido é onipresente. 

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  • Grandir sans mèreDimanche dernier on célébrait la fête des mères au Brésil. Les réseaux sociaux estampillaient des dizaines de messages sur l'amour maternel et des déclarations affectueuses des enfants à leurs mamans, de ceux qui les ont encore et peuvent le leur dire, et ceux qui ne les ont plus et expriment la douleur de leur absence. J'essaie de rester stoïque face à tout cela, mais il est toujours inévitable de penser à la mienne.

    Cela fait quarante-cinq ans qu’elle n’est plus, au moins sur la face visible de la terre (puisque personne ne sait où l’on va après la mort et moi, agnostique convaincue, crois en tout et en rien, jusqu’à ce que l’on prouve le contraire). Je sais que perdre sa maman fait partie du cycle de la vie, mais la douleur est déchirante à n’importe quel âge. À quatorze ans, c’est beaucoup trop tôt. Je ne peux pas parler de ce qui se passe à l'intérieur de ceux qui perdent leur maman à un autre âge que le mien, mais à l’adolescence, le dégât est profond et durable. Je me suis sentie comme un projet inaccompli, un brouillon que l’on n’a pas eu le temps de mettre au propre, une ébauche d’un être en devenir. J’étais la personnification d'Edward aux mains d’argent, le jeune homme inachevé de Tim Burton.

    En devenant maman à mon tour, je me suis rendue compte de la profondeur de ce dont la vie m’avait privée (à moi et à mes sœurs). Elle m’a refusé un amour immense, incommensurable, inconditionnel et pur. Elle m’a arraché ce que j’avais de plus précieux à ce moment-là, mon pilier, mon repère, mon sol, la continuité de ce que j’étais et les points qui manquaient pour que je devienne une adulte accomplie. L’adulte que je suis devenue présente un défaut de fabrication irréparable.

    À un certain moment, j’ai enfin compris que personne ne viendrait réparer les dommages, coller les pots cassés ou rembouger les fissures et qui c’était à moi de rectifier le tir. J’ai donc poursuivi ma vie en fonçant dans une fuite en avant permanente, sans une étoile polaire pour me guider, avec mes ciseaux à la place des mains, maladroite et désespérée, en me blessant, à moi et aux autres. Tant bien que mal, j’ai construit progressivement mon propre système de valeurs, car je n'avais ni contexte ni limites imposées, mais avec une envie constante d’étudier, d’apprendre et devenir indépendante, transmise par ma mère pendant les petites quatorze années que nous avons vécu ensemble. Après tout, le prototype d’adulte qu’elle avait démarré avait un pourchoir solide qui m’a marqué à chaud.

    Aujourd’hui je peux dire qu’après avoir apprivoisé l’ouragan qui m’avait démoli à mon adolescence, je suis restée fidèle à ses enseignements et à son mantra de me mettre toujours à la place de l’autre. J’ai commis beaucoup d’erreurs, mais après plus de quarante ans, je crois que je commence à bien faire les choses, même si le désir fou et insatiable qu’elle me prenne dans ses bras perdure vif et latent.  

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  • Crescer sem mãeDomingo passado foi dia das mães no Brasil. As redes sociais estampavam dezenas de mensagens sobre o amor de mãe, pipocavam declarações afetuosas de filhos e filhas para suas mães, aqueles que ainda as têm e podem dizê-lo, e os que já não as têm e expressam a dor da ausência. Tento manter-me estoica diante disso, mas é sempre inevitável pensar na minha.

    Faz quarenta e cinco anos que ela deixou de existir, pelo menos na face visível da terra (já que ninguém sabe para onde vamos depois da morte e, como boa agnóstica que sou, acredito em tudo e em nada, até que me provem o contrário). Sei que perder a mãe faz parte do ciclo da vida, mas é sempre uma dor dilacerante, em qualquer idade. Aos quatorze anos, é cedo demais. Não posso falar do que acontece com as pessoas que as perdem em outras idades, mas na adolescência, o estrago é profundo e duradouro. Senti-me como um projeto inacabado, um rascunho que não teve tempo de ser passado a limpo, um esboço de gente. Eu era o próprio Edward com suas mãos de tesoura.

    Foi quando tornei-me mãe que me dei conta da profundidade do que a vida me privou (a mim e às minhas irmãs). Ela me negou um amor imenso que não cabe na gente, incondicional e puro. Ela arrancou de mim o que eu tinha de mais precioso naquele momento, meu pilar, meu referencial, meu chão, a continuidade de quem eu era e os pontos que estavam faltando para eu me tornar um adulto soberano. O adulto no qual eu me tornei tem um defeito de fabricação irreparável.

    Não me lembro mais do momento em que entendi que ninguém viria consertar os danos, colar os cacos quebrados e que caberia a mim retificar o tiro. Fui então levando a minha vida sem estrela-guia, com minhas mãos de tesoura, desajeitada e desesperada, ferindo-me e machucando a mim e aos outros mais do que devia. Aos trancos e barrancos, fui progressivamente construindo um sistema de valores próprio, sem contexto e sem limites impostos, mas sempre com o desejo de estudar, aprender e tornar-me independente transmitido por minha mãe durante aqueles parcos quatorze anos. Afinal, o protótipo de adulto iniciado por ela tinha um estêncil sólido e marcou-me a ferro quente.

    Hoje posso dizer que depois de domar o furacão que se abateu sobre mim na adolescência, mantive-me fiel a seus ensinamentos e ao seu mantra de sempre colocar-me no lugar dos outros. Errei muito, mas passados quarenta e tantos anos, acho que estou começando a acertar, embora permaneça viva e latente a vontade louca e insaciável de um colo.

     

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  • Le nid videCeux qui me connaissent savent que je suis passée de l'enfance à l'âge adulte, sans transition. Je n'avais même pas vingt ans lorsque j'ai commencé à travailler pour payer mon loyer, mes études, me nourrir et m'habiller. Les circonstances particulières du début de ma vie ont fait de moi une personne indépendante et libre, affranchie des repères sociofamiliaux. Mon féminisme est né dans cet élan, spontanément, du besoin de me protéger et de m'imposer face à une société hiérarchique, patriarcale et machiste comme la société brésilienne. Il s'est manifesté dans la pratique avant de s'inscrire dans la théorie. Aujourd’hui encore, je conçois le féminisme comme le respect inhérent à tout individu et non comme une recherche d'égalité entre les hommes et les femmes. Je revendique l'égalité des droits malgré nos différences. Parce que ces différences existent. Et ce fut dans la maternité que mon féminisme a subi quelques dommages.

    Je ne crois pas que la maternité (dans sa perception actuelle) et le féminisme soient incompatibles, le « mythe de la mère admirable » dénoncé par Élisabeth Badinter semble avoir  été déconstruit en tant que vision dominante. Mais je crois que, malgré les voix discordantes, la dépendance financière peut effectivement être incompatible ou, au mieux, déséquilibrer des positionnements qui devraient avoir le même poids lorsque l'un dépend de l'autre dans un couple. Et c'est précisément la biologie féminine, manifeste dans un placenta prævia, qui m'a obligée à rester au lit pendant les six derniers mois de ma grossesse et m'a conduite à une période de dépendance économique. Au revoir mon emploi, mes collègues, les déjeuners en ville, un travail qui me plaisait et la pratique de sport pour les prochaines années, qui seraient marquées par un dévouement total et exclusif à mon fils : nous habitions loin de nos familles respectives et il n'y avait aucune disponibilité à la crèche du village. 

    Que dire, alors, des questions psychologiques et émotionnelles ? Comment concilier une indépendance émotionnelle durement acquise avec l'apprentissage nécessaire pour apprivoiser ce sentiment étrange qui nous envahit comme un tsunami à l'avènement de ce nouvel être, l’être mère ? Entre l'image d'une maternité idéalisée, nunuche, où tout est merveilleux, et celle qui met en exergue surtout les difficultés réelles rencontrées pour équilibrer les différentes identités qui se mêlent, l'exercice est complexe et on se perd souvent sur le chemin.

    Le premier exercice consiste à comprendre et à accepter qu'un petit être sans défense dépend entièrement de vous pour vivre, qu'il se nourri par votre corps dans les premiers mois et que, dans les quinze années à venir, tous vos actes les plus anodins auront un impact direct ou indirect sur lui. Votre quotidien se construit marqué par les différentes phases de la vie de cet être qui a besoin de vous et souhaite que vous soyez près de lui, jusqu'à ce que, un beau jour, cette routine, déjà bien rodée, entourée de l'odeur des biscuits qui sortent du four, s'arrête sans préavis : la chambre est vide, le salon trop rangé et la cuisine beaucoup trop propre. Le silence est assourdissant. Notre nouveau rôle consiste désormais à désapprendre, du jour au lendemain, ce que nous avons mis du temps à construire. Nous devons désormais accepter de passer du statut d'indispensable à celui d'encombrant. Pour moi, ce processus est long et douloureux.

    Cependant, je ne vois pas beaucoup de femmes autour de moi qui le disent ainsi et la littérature que j'ai trouvée sur ce sujet n'est pas abondante. Suis-je la seule à vivre le nid vide de cette façon ? Souffrir du nid vide révélerait un certain affaiblissement d'un féminisme revendiqué ? Est-ce que souffrance serait antinomique avec la plénitude féminine individuelle ? Ou incompatible avec une vie professionnelle satisfaisante ? Ou bien un avis de faiblesse ? Ou ce sujet sera-t-il encore tabou ?

    Il y a quelques années, la chanteuse Madonna a déclaré que la grossesse était une grande blague de Dieu faite aux femmes. Je dirais que, bien plus que la grossesse, le grand paradoxe pour les femmes qui sont devenues mères, consiste à devoir s’efforcer de s'éloigner volontairement de quelqu'un dont on voulait rester proche et à devoir apprendre à vivre un quotidien sans cet amour pur et profond.

     

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  • O ninho vazioAqueles que me conhecem sabem que passei da infância à idade adulta sem transição. Não tinha nem vinte anos quando comecei a trabalhar para pagar meu aluguel, meus estudos, alimentar-me e vestir-me. As circunstâncias particulares do início da minha vida fizeram de mim uma pessoa independente e livre, isenta de referências sociofamiliares. Meu feminismo surgiu neste ímpeto, espontaneamente, da necessidade de me proteger e me impor diante de uma sociedade hierárquica, patriarcal e machista como a brasileira. Ele manifestou-se na prática antes de se inscrever na teoria. E até hoje, concebo o feminismo como o respeito inerente a qualquer indivíduo e não como uma busca de igualdade entre homens e mulheres. Reivindico direitos iguais apesar das diferenças. Porque estas diferenças existem. E foi na maternidade que o meu feminismo sofreu alguns danos.

    Não creio que a maternidade (em sua percepção atual) e o feminismo sejam incompatíveis, o “mito da mãe admirável”, denunciado por Élisabeth Badinter, felizmente parece já ter sido desconstruído como visão dominante. Mas acredito que, apesar das vozes discordantes, a dependência financeira possa ser um fator de incompatibilidade ou, na melhor das hipóteses, desequilibrar posicionamentos que deveriam ter o mesmo peso quando um depende do outro num relacionamento a dois. E foi justamente a biologia feminina manifesta numa placenta prévia que me obrigou a ficar deitada durante os seis últimos meses da minha gravidez e me levou a um período de dependência econômica. Adeus emprego, colegas, almoços no centro da cidade, um trabalho do qual gostava e a prática de esporte pelos próximos anos, que seriam marcados pela dedicação total e exclusiva ao meu filho: morávamos longe de nossas respectivas famílias e não havia disponibilidade na creche da cidade. 

    O que dizer, então, dos quesitos psicológicos e emocionais? Como conciliar uma independência emocional conquistada a duras penas e o aprendizado necessário para domar esse sentimento estranho que nos invade como um tsunami com a chegada deste novo ser: o ser mãe? Entre a imagem de uma maternidade água-com-açúcar idealizada onde tudo é divino e maravilhoso e aquela que ressalta as dificuldades reais encontradas para equilibrar diversas identidades que se misturam, o exercício é complexo e muitas vezes a gente se perde no caminho.

    O primeiro exercício consiste em entender e aceitar que um serzinho indefeso depende totalmente de você para viver, que se alimenta através do seu corpo nos primeiros meses e que nos próximos quinze anos todos os seus atos mais anódinos terão um impacto direto ou indireto sobre ele. Seu cotidiano vai se construindo marcado pelas diferentes fases da vida deste ser que precisa e quer você por perto até que, um belo dia, essa rotina já bem rodada, envolta no cheiro de biscoito saindo do forno, para sem aviso prévio: o quarto fica vazio, a sala arrumada demais e a cozinha muito limpa. O silêncio é ensurdecedor. Nosso novo papel consiste, agora, em desaprender, de um dia para o outro, o que se levou tempo para construir e aceitar uma mudança no estatuto de indispensável para o de inconveniente. Para mim, este processo está sendo longo e doloroso.

    Porém, não vejo, à minha volta, muitas mulheres perceberem-no assim, e a literatura que encontrei a este respeito não é extensa. Seria eu a única a vivenciá-lo desta forma? Comecei a me perguntar se o fato de assumir que se sofre pelo ninho vazio seria revelador de um certo esmorecimento de um feminismo reivindicado. Se seria antinômico com a plenitude individual feminina. Se seria incongruente com uma vida profissional satisfatória. Se seria, enfim, admitir vulnerabilidades. Seria este um tema tabu? 

    Há alguns anos, a cantora Madonna disse que a gravidez era uma grande piada de Deus com as mulheres. Eu diria que, muito mais que a gravidez, o que representa um grande paradoxo para as mulheres que, por escolha ou não, tornaram-se mães, consiste em ter que se esforçar para se distanciar voluntariamente de alguém que se queria ter por perto e ter que aprender a viver um cotidiano sem esse amor puro e profundo.

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  • Dans un article de L'Obs du 20 janvier, la journaliste Véronique Radier commente le dernier livre de l'historien et anthropologue Emmanuel Todd intitulé « Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes ». D’après cet article, Todd considère que les femmes se sont injustement opposées aux hommes et constituent un régime de « matridominance », qui représenterait un grand danger car il met en péril les structures fondamentales de la pensée humaine.

    Ce qu'il semble ne pas admettre, c'est que cette structure fondamentale de la pensée humaine a été dominée par différentes formes d'androcentrisme, c'est-à-dire que le référent de cette pensée est le point de vue masculin.

    Les avancées d’une plus grande égalité des droits entre les hommes et les femmes sont, sans aucun doute, significatives dans l'Occident. Dans une perspective à moyen terme, des actes et des comportements aujourd'hui banalisés étaient autrefois interdits aux femmes, comme voter, avoir un compte en banque, faires des longues études et bien d'autres acquis qui intègrent désormais la vision du monde des nouvelles générations. Mais, pour moi, le combat le plus difficile réside dans l'androcentrisme inconscient qui se cache derrière des comportements que même les hommes les plus engagés en faveur des droits des femmes ne semblent pas s’en rendre compte.

    Il y a quelques années, j'ai traduit le livre « Sous les sciences sociales, le genre – relectures critiques de Max Weber à Bruno Latour », un recueil de textes qui revisitaient les grands classiques, dans lesquels des chercheurs contemporains scrutent les textes fondateurs des sciences sociales françaises pour observer et éventuellement identifier diverses formes d’androcentrisme, souvent inconscientes. Des textes de Max Weber, Alain Touraine, Bruno Latour, Michel Crozier, Pierre Bourdier, entre autres grands noms, ont été disséqués. L'idée consistait à déceler les dérives d'un machisme qui, selon les coordinateurs de cette recherche, imprégnait la société et le discours d'une époque, dans laquelle « l'homme, identifié au général, était toujours la référence ».

    Ainsi, lorsque Lévi-Strauss affirme dans son étude sur les Bororo de 1936 que « le village entier partit  le lendemain dans une trentaine de pirogues, nous laissant seuls avec les femmes et les enfants dans les maisons abandonnées », Martine Gestin et Nicole-Claude Mathieu observent que cette affirmation est totalement centrée sur les hommes - puisque le village entier excluait les femmes et les enfants, révélant un androcentrisme lié à toute forme d'organisation sociale, dans laquelle les femmes seraient « le deuxième sexe ».

    D'autres exemples illustrent ce livre qui, je l'avoue, a démythifié, à mes yeux, nombre de mes maîtres. Mais, surtout, il a montré comment, malgré tous nos efforts d'objectivité (le maître-mot des études anthropologiques), nos préjugés influencent nos analyses et sont susceptibles de fausser des études essentielles.

    Un exemple récent provient de la paléoanthropologie. Pendant des années, le rôle des femmes préhistoriques était restreint à la sphère domestique et la cueillette, tandis que les hommes se voyaient attribuer les courageuses fonction de la chasse aux grands mammifères, la fabrication des outils de chasse, des armes de guerre et de l'habitat. Cette division sexiste des rôles a conduit à des interprétations erronées des vestiges préhistoriques : jusqu'à récemment, un squelette était considéré comme masculin simplement en raison de la présence d'armes et d'outils trouvés à proximité des restes mortuaires. Grâce à l'application du séquençage de l'ADN et des technologies modernes de datation, on a découvert que, en effet, beaucoup de ces squelettes étaient des femmes, ce qui a conduit à des interprétations totalement différentes de celles faites jusqu'alors. La préhistorienne Marylène Patou-Mathis, spécialiste du comportement des Néandertaliens, brise le vieux paradigme interprétatif et nous apprend dans son livre « L'homme préhistorique est aussi une femme », que les femmes ont aussi chassé les grands mammifères, fabriqué des outils et construit des habitations.

    Or, l'implosion de ce modèle interprétatif a des conséquences qui vont bien au-delà de la simple idée que l'on se faisait de la vie à la préhistoire. Il démonte également des théories très actuelles construites sur cette contre-vérité, parmi lesquelles la « loi universelle » établie par Emmanuel Todd lui-même, selon laquelle les hommes auraient le monopole du collectif et les femmes une vision limitée à la sphère familiale, fondée sur le fait que « les femmes n’ont jamais chassé » (le produit de la chasse serait partagé avec le groupe, tandis que le produit de la récolte serait limité au cercle familial).

    En attendant la réévaluation de la théorie d'Emmanuel Todd sur les risques d’une matridominance basée sur ces récentes découvertes, nous pouvons en tirer une précieuse leçon : ce n'est pas seulement le relativisme culturel qui peut nous sortir de cet enchevêtrement de préjugés socialement construits dans lequel nous sommes tous piégés, mais le relativisme historique y joue également un rôle essentiel. 

    L'Obs - édition 2987, 20 janvier.

    L'homme préhistorique est aussi une femme - Une histoire de l'invisibilité des femmes. Marylène Patou-Mathis, Allary Éditions, 2020.

    Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes, Seuil, 2022.

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  • O relativismo históricoNum artigo da revista francesa L'Obs, a jornalista Véronique Radier comenta o mais recente livro do historiador e antropólogo Emmanuel Todd intitulado "Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes" (Onde elas se encontram? Um esboço da história das mulheres). De acordo com este artigo, Todd considera que as mulheres colocaram-se injustamente contra os homens e estariam constituindo um regime de "matridominação", o qual representaria um grande perigo, pois põe em risco as estruturas fundamentais do pensamento humano. 

    O que ele parece não admitir, é que essa estrutura fundamental do pensamento humano tem sido dominada por diferentes formas de androcentrismo, ou seja, o referencial deste pensamento é o ponto de vista masculino.

    Os avanços na obtenção de uma maior igualdade de direitos entre homens e mulheres são indubitavelmente significativos no ocidente como um todo. Numa perspectiva de médio prazo, atos e comportamentos que atualmente são banais, foram, outrora, proibidos às mulheres, como o voto, ter uma conta bancária, fazer longos estudos e muitas outras conquistas que integram, hoje, a visão do mundo das novas gerações. Porém, o combate mais árduo reside no androcentrismo inconsciente que se esconde por trás de comportamentos que mesmo os homens mais engajados a favor das mulheres parecem não perceber. 

    Há alguns anos, traduzi o livro "O gênero nas ciências sociais", uma coletânea de textos de releitura dos grandes clássicos, na qual pesquisadores contemporâneos esmiúçam textos fundadores das ciências sociais francesas para observar e eventualmente identificar diversas formas de androcentrismo, muitas vezes inconscientes. Textos de Max Weber, Alain Touraine, Bruno Latour, Michel Crozier, Pierre Bourdier, entre outros grandes nomes foram dissecados. A ideia consistia em apontar as derivas de um machismo que, segundo as coordenadoras da pesquisa, impregnava a sociedade e o discurso de uma época, na qual "o homem, identificado ao geral, era sempre a referência".

    Assim, quando Lévi-Strauss afirma em seu estudo sobre os Bororo de 1936 que "o vilarejo inteiro foi embora no dia seguinte em umas trinta pirogas, deixando-nos sozinhos com as mulheres e as crianças em casas abandonadas", Martine Gestin e Nicole-Claude Mathieu observam que este enunciado é totalmente centrado no gênero masculino - já que o vilarejo inteiro excluía as mulheres e as crianças, revelador de um androcentrismo ligado a todas as formas de organização social, nas quais as mulheres seriam "o segundo sexo". 

    Outros exemplos ilustram este livro que, confesso, desmitificou, aos meus olhos, muitos de meus mestres. Mas, acima de tudo, ele veio mostrar o quanto, apesar de todos nossos esforços de objetividade (a palavra de ordem nos estudos de antropologia), nossos preconceitos influenciam nossas análises e são suscetíveis de falsear estudos essenciais.

    Um exemplo recente vem da paleoantropologia. Durante anos, resumia-se o papel das mulheres pré-históricas ao âmbito doméstico e à colheita, enquanto aos homens eram atribuídas as corajosas funções de caçar grandes mamíferos, fabricar ferramentas de caça, armas de guerra e habitações. Essa divisão sexista das funções engendrou erros de interpretação de vestígios pré-históricos: até recentemente, decretava-se que um esqueleto era masculino pela simples presença de armas e ferramentas encontradas próximas ao restos mortais. Graças à aplicação do sequenciamento de ADN e de tecnologias modernas de datação, descobriu-se que, de fato, muitos destes esqueletos eram femininos, conduzindo a interpretações totalmente diferentes das que eram feitas até então. A pré-historiadora Marylène Patou-Mathis, especialista do comportamento neandertal, vem romper o antigo paradigma interpretativo e conta em seu livro "L'homme préhistorique est aussi une femme" (O homem pré-histórico é também uma mulher), que as mulheres também caçavam grandes mamíferos, fabricavam ferramentas e construíam habitações. 

    Ora, a implosão desse modelo interpretativo tem consequências que vão muito além da simples ideia que se fazia da vida na pré-história. Ela quebra também teorias muito atuais construídas com base nessa inverdade, dentre as quais a "lei universal" estabelecida pelo próprio Emmanuel Todd, segundo a qual os homens teriam o monopólio do coletivo e as mulheres uma visão que se limitava ao âmbito familiar, fundada no fato de que "as mulheres nunca caçaram" (o produto da caça seria partilhado com o grupo, enquanto o produto das colheitas seria restrito ao círculo familiar).

    Enquanto aguardamos a reavaliação da teoria de Emmanuel Todd sobre os riscos da matridominação com base nessas recentes descobertas, fica a lição de que não é somente o relativismo cultural que pode nos tirar deste emaranhado de preconceitos socialmente construídos nos quais estamos todos presos, mas o relativismo histórico também exerce um papel essencial.  

    L'Obs - édition 2987, 20 de janeiro.

    L'homme préhistorique est aussi une femme - Une histoire de l'invisibilité des femmes. Marylène Patou-Mathis, Allary Éditions, 2020.

    Où en sont-elles ? Une esquisse de l'histoire des femmes, Seuil, 2022.

     

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