• Le sexisme à son paroxysmeDans le cadre intime de nos foyers où le politiquement correct ne s'impose pas comme guide limitatif de nos conversations les plus anodines, qui ne s'est jamais laissé dire " que les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue "? Phrase que j'ai certainement déjà criée à mon amoureux lors de l'une de nos discussions enflammées. Ce ne sera pas John Gray, l'auteur de " Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus " qui dira le contraire. Si cette phrase a été un jour banale et insignifiante, elle est devenue polémique car l'idée d'une différence " naturelle " entre les hommes et les femmes est mise en cause par la théorie du genre, qui considère que la distinction entre les deux sexes est une construction sociale. Concept en vogue aujourd'hui qui n'est cependant pas nouveau, puisque Simone de Beauvoir l'avait abordé en 1949 dans " Le Deuxième Sexe " en affirmant : "on ne naît pas femme, on le devient ". Si à l'époque son livre a été très contesté, aujourd'hui la théorie du genre est enseignée dans certaines écoles.

    Mais voici que ce matin même, mon collègue et ami Omar me transmet un reportage de la BBC qui m'intéresse, comme il le fait souvent, qui parle d'une société où le sexisme est assumé, revendiqué sans complexe, et dans laquelle les hommes et les femmes ne parlent littéralement pas la même langue : la distinction sexuelle chez les Ubang du Nigéria s'inscrit dans leur langue, car, dans ce groupe, les hommes et les femmes parlent deux langues différentes. A ma connaissance, ce groupe ethnique ancestral est le seul à présenter une telle particularité.

    Les Ubang se disent descendants directs d'Adam et Ève, et affirment que cette distinction obéit aux volontés de Dieu lui-même. Quels seraient donc les enjeux socioculturels d'une telle séparation ? Je ne sais pas si ce phénomène a été l'objet d'études linguistiques, anthropologiques ou autres. Pardon pour ma légèreté. D'après ce que j'ai pu comprendre, les garçons et les filles parlent la même langue, celle des femmes, durant leur enfance jusqu'à l'âge de 10 ans, lorsque les garçons doivent commencer à parler la langue de leurs pères. Personne ne leur dit quand ce basculement doit être fait, c'est justement le sentiment de ne pas parler la langue " qu'il faut " qui révèle leur maturité. Celle-ci est atteinte lorsque le garçon maîtrise la langue des mâles, leur rite de passage à l'âge adulte. Si leur langage ne change pas jusqu'à un certain âge, il est alors considéré comme " anormal " par le groupe.

    Les choses semblent un peu plus claires à mon schéma analytique lorsque j'apprends qu'il est proscrit aux femmes de parler la langue des hommes. Ainsi, la communication pour les femmes dans ce groupe ethnique est restreinte, considérant qu'elles sont réduites à adresser leur parole aux seuls enfants. Par conséquent, elles se retrouvent dans un rôle passif, soumis au bon-vouloir des hommes qui, eux, n'ayant pas d'interdit, peuvent communiquer librement avec tous les membres du groupe. 

    Même si cela n'est pas explicite dans le reportage, il me semble que les femmes Ubang ne peuvent pas toujours se faire entendre, se faire comprendre, imposer leurs voix. Tout compte fait, cela ne fait pas très longtemps que les femmes issues des sociétés occidentales se distinguent des femmes Ubang sur cette question. Récemment, le mouvement #metoo est venu dénoncer les (nombreuses) discriminations faites aux femmes qui vont bien au-delà du harcèlement sexuel, et mener une action contre les distinctions dans le traitement donné aux deux sexes - en défaveur des femmes -  dans les sociétés occidentales : disparités salariales, difficulté d'accès aux postes de direction et de représentation politique, entre autres. Alors que le chef Ubang affirme que, malgré leur particularité sexiste, son groupe compte parmi les peuples les plus pacifiques du monde, chez nous, le combat semble avoir commencé. 

    The Village where men and women speak different languages

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Désopilant. C'est le qualificatif que j'aurais attribué au livre " Les Nègres du traducteur ", de Claude Bleton. Je ne sais pas quelle a été sa répercussion à l'époque de sa parution en 2004 car, à ce moment-là, je n'habitais pas en France, mais j'affirme avec conviction qu'il mérite d'être lu. Non seulement parce qu'il est drôle - j'ai vraiment pleuré de rire - mais aussi parce qu'il soulève des questions centrales et polémiques sur la traduction littéraire et le rôle du traducteur. 

    Le titre du livre est déjà révélateur de la folle incongruité de la trame. Le traducteur Claude Bleton raconte l'histoire d'un traducteur mégalomane avide de reconnaissance et de réussite qui décide d'imposer ses traductions à des auteurs pour que ceux-ci écrivent les originaux respectifs. Cela engendre des situations insolites et vraiment drôles. 

    L'auteur du livre a une imagination débordante qui se manifeste bien au-delà de la trame principale car les histoires créées par son protagoniste sont également très fantaisistes. Dans son livre, elles deviennent des succès de vente et poussent son initiateur à poursuivre son projet et à aller encore plus loin. Les premières questions qui me sont venues à l'esprit sont probablement impertinentes car elles concernent l'auteur du livre lui-même : à quel point Claude Bleton a réprimé son exubérante imagination dans son travail de traduction pendant sa longue et productive carrière - plus de cent livres traduits de l'espagnol vers le français ? Cette répression lui aurait-elle provoqué des frustrations ? Ou est-ce le désir d'une inoffensive et joyeuse vengeance ? Ce qui m'a conduit à penser que - peut-être - il faut avoir vécu les âpres du métier, les heures de torture à s'interroger sur un seul maudit terme qu'on a du mal à cerner, pour plonger à fond dans les délires de Claude Bleton et en rire. 

    Cependant, ce qui a le plus intrigué la traductrice que je suis, concerne la marge de liberté qu'un traducteur doit ou peut adopter devant son original dans l'adaptation d'un texte au contexte d'arrivée. Or, le personnage créé par Claude Bleton comprenait " peu à peu combien la traduction était un acte de recréation ". Dans cette ré-élaboration du texte, le traducteur mégalo de la trame change les noms des personnages du livre original, leur métier, remplace le style indirect par le direct et rajoute des dialogues qui n'étaient pas présents dans l'original, au point de remplacer un torero par un bougnat pour éviter de se mettre la Société protectrice des animaux à dos " dans un récit déjà épineux ", alors que le torero était au centre de l'intrigue. Pour moi, tout cela paraissant définitivement comique. 

    Je sais bien que ce thème est récurrent, qu'il existe différentes écoles qui défendent des opinions divergentes voire même contraires sur l'éventuelle " recréation " du texte original par le traducteur. J'aurais été convaincue de l'ironie de l'auteur concernant l'excessive liberté adoptée par quelques traducteurs, si je n'avais pas lu un entretien publié par la Plateforme communautaire TRADABORDO lors de la parution du livre. Claude Bleton y affirme qu'un traducteur doit " se méfier du texte original ", qu'il considère une prison de laquelle il faut fuir. Selon lui, " on doit créer de toute pièce un autre texte qui n'a rien de commun avec le texte original, puisqu'il ne s'agit pas des mêmes mots, de la même langue, du même univers linguistique, etc ".

    Mon admiration pour Claude Bleton, grand traducteur et talentueux auteur d'un livre intelligent et amusant, se maintient intacte après la lecture de cet entretien. En même temps, j'avoue ne pas me reconnaître dans cette description de notre travail. Même si mon questionnement se renouvelle à chaque nouvelle traduction, même si je peux passer des heures à réfléchir sur l'adéquation d'un seul et unique mot pour être en accord avec le texte original, je chercherai à établir une relation de complicité avec le travail de l'auteur. Selon ma modeste opinion, la méfiance suggère un caractère défensif, une distance qui serait contraire au comportement que j'ai l'habitude d'adopter lorsque j'embrasse une oeuvre que je m'approprie pendant et après la fin de la traduction. 

     

    Les Nègres du traducteur, Claude Bleton, Éditions Métailié, Paris, 2004.

    Entretien avec Claude Bleton

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • A tradução às avessasHilário. Esse seria o qualificativo que eu daria ao livro " Les Nègres du traducteur ", de Claude Bleton, caso me perguntassem, sugestão da minha colega e amiga Diana Sorgato. Não sei se na época de sua publicação em 2004 esse livro foi divulgado, comentado ou se teve qualquer repercussão pois eu não morava aqui esse ano. Mas posso afirmar que ele merece ser lido. Não somente por ser engraçado - eu literalmente chorei de rir como há muito tempo não fazia, mas sobretudo porque levanta questões centrais e polêmicas que dizem respeito à tradução literária e ao papel do tradutor. 

    O título do livro, que traduzido literalmente para o português seria "Os ghost-writers do tradutor", revela a louca incongruência da trama. O tradutor Claude Bleton conta a história de um colega megalômano ávido de reconhecimento e sucesso que decide impor suas traduções para que autores escrevam seus respectivos originais, gerando situações insólitas e muito engraçadas. Só não sei se seriam tão engraçadas para não tradutores. 

    O autor do livro tem uma inquestionável imaginação que transborda para muito além da trama principal, pois ela se derrama pelas pequenas histórias criadas e escritas por sua personagem principal, o tradutor megalômano, que se transformam em sucessos de venda. As primeiras perguntas que me vieram à mente são provavelmente irrelevantes, pois são pessoais e se referem ao autor do livro: até que ponto Claude Bleton reprimiu sua exuberante imaginação em seu trabalho de tradução durante sua longa e produtiva carreira - mais de cem livros traduzidos do espanhol para o francês? Essa repressão teria provocado frustração? Ou o desejo de uma inofensiva e divertida vingança materializado nesse livro? 

    Porém, o que mais intrigou a tradutora que sou foi não ter sabido (ou conseguido) distinguir a existência ou não de ironia no que diz respeito à margem de liberdade que um tradutor deve adotar diante do original na adaptação de um texto ao contexto de chegada. Ora, a personagem de Claude Bleton descobria "pouco a pouco o quanto a tradução era um ato de recriação" (tradução quase literal da frase). Nessa reelaboração do texto, o tradutor megalômano da trama modifica o nome das personagens do livro original,sua profissão, substitui o estilo indireto pelo direto introduzindo diálogos que não constavam no original, ao ponto de trocar a função da personagem principal de um livro sobre a tauromaquia que deixou de ser toureiro para "evitar ter problemas com a sociedade protetora dos animais" causando surpresa ao autor do livro nessa louca história. Para mim, parecia definitivamente cômico.

    Sei que esse tema é recorrente, que existem escolas que defendem opiniões divergentes e muitas vezes até contrárias sobre uma eventual "recriação" do texto original. Eu teria lido o livro convencida de que o autor estaria sendo irônico quanto à liberdade assumida por alguns tradutores, se eu não tivesse lido uma entrevista feita no período de lançamento do livro. Nela, Claude Bleton afirma que um tradutor deve "desconfiar do texto original", considerando-o uma prisão da qual se deve escapar "pois devemos criar um outro texto que não tem nada em comum com o texto original, não são as mesmas palavras, a mesma língua, nem o mesmo universo linguístico, cultural, econômico etc."

    Minha admiração por Claude Bleton, grande tradutor e talentoso autor de um livro tão inteligente e divertido, manteve-se intacta depois de eu ter lido essa entrevista. Mas não vou negar que não me reconheço nessa descrição do nosso trabalho. Embora meu questionamento se renove em cada nova tradução, embora eu possa perder horas para decidir sobre a adequação do uso de uma única palavra, no que diz respeito à relação estabelecida com o texto original, sou categórica: a minha será sempre de cumplicidade e respeito pelo autor. Na minha modesta opinião, a desconfiança sugere um aspecto defensivo, uma distância que seria contrária ao comportamento que eu, pessoalmente, costumo assumir ao abraçar uma obra da qual me aproprio durante e depois do término da tradução. 

    Referências: Les Nègres du traducteur, Claude Bleton, Éditions Métailié, Paris, 2004.

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Un bon linguiste Il y a quelques mois, j'avais écrit sur la vulnérable relation existant entre traducteurs et correcteurs dans un article que j'avais intitulé Traducteurs versus correcteurs. Même si je l'ai intitulé ainsi, je ne pense pas, et je n'ai jamais pensé, qu'il devait avoir un conflit ou une compétition quelconque entre traducteurs et correcteurs lorsqu'ils travaillent sur un projet commun. Leur objectif devrait être un seul : délivrer un travail bien fait. D'autant que, beaucoup parmi nous travaillent alternativement comme traducteurs et correcteurs - moi la première. Dans l'article mentionné, j'avais parlé d'un fait qui m'était arrivé et qui m'avait complètement déstabilisée lorsque j'ai été recalée suite à un test effectué pour une agence de traduction.

    Je ne me considère pas du tout infaillible, au contraire, je vérifie constamment les mots employés dont la signification me laisse dubitative, je cherche des synonymes plus sophistiqués ou familiers d'un mot que je connais pourtant bien afin de mieux l'adapter au contexte du texte d'origine. Ce test en question ne présentait pas de difficulté particulière, c'était un petit paragraphe parlant de la France, des choses ordinaires. Pour quelqu'un ayant déjà traduit Lévi-Strauss, Paul Veyne et Pascal Picq, j'étais plutôt tranquille sur le résultat. Je ne pouvais cependant pas m'attendre à ce que le(la) correcteur(trice) remplace des dizaines de mots par des synonymes, certains ayant un sens moins adéquat que ceux que j'avais choisis.

    Cette personne avait peut-être suivi à la lettre les orientations de certains chefs de projet qui demandent d'échanger " bonnet blanc pour blanc bonnet " afin de "montrer que tu as vraiment travaillé ". J'ai déjà entendu cette phrase, mais refusé de l'appliquer : je corrige des fautes, pas les choix du traducteur. Que je sache, le choix des mots est une prérogative du traducteur. Jamais je ne chercherais des fautes qui n'existent pas, je ne pourrais plus dormir si j'avais volontairement porté préjudice à un collègue compétent. 

    Mais aujourd'hui je viens parler d'un fait contraire à celui que j'ai exposé dans mon précédent article : lorsque le traducteur est susceptible et a du mal à accepter les corrections. Il se met sur la défensive et, peut-être par fierté, se sent blessé même lorsque la correction est justifiée. Cette susceptibilité de certains collègues peut être dangereuse et engendrer de l’animosité, ce qui pourrait, à son tour, se manifester dans une correction malveillante postérieurement et des résultats faussés. 

    Tout cela m'a fait penser à la relation que j'entretien avec une collègue depuis peu. Nous travaillons pour une même agence depuis quelques années. En général, je corrige ses très bonnes traductions, mais une fois nos rôles ont été inversés. Cette agence nous permet de relire notre traduction corrigée. Sa correction était excellente, très pertinente, j'ai beaucoup appris à travers elle. Je lui étais tellement reconnaissante que j'ai lui ai envoyé un message pour la remercier. Elle m'a répondu avec un message amical, assez surprise, disant que c'était la première fois que quelqu'un la remerciait pour une correction. 

    Dans une profession déréglementée comme la nôtre, dans laquelle notre réputation dépend d’appréciations de personnes dont nous ne savons rien, je me demande comment mesurer la compétence d'un professionnel sans connaître la nature de celui qui le juge ? Cette question se place, selon moi, au cœur du travail des chefs de projet de traduction qui bien évidemment ne maîtrisent pas toutes langues parlées dans le monde, et n'ont d'autre choix que celui de faire confiance à leurs partenaires et prestataires de service. L'honnêteté s'impose alors comme un critère sine qua non dans la configuration du " bon linguiste ". Le plus difficile est de trouver un moyen de l'identifier. 

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Todos os que me conhecem sabem da admiração que tenho pela França, país com o qual sonhei e arduamente conquistei. Aqui construí um lar e me sinto plenamente cidadã apesar de ser - e o serei eternamente - estrangeira. Diria até que reivindico meu estrangeirismo. Minha cultura brasileira está nas minhas tripas e se manifesta no modo distanciado que tenho de observar a cultura francesa, embora não somente, pois acho que faço isso em todos os lugares onde vou. Talvez seja, como diz meu marido, uma deformação profissional, considerando minha formação em antropologia: essa disciplina é um modo de ver a vida, de observar as culturas, de analisar as condutas sem julgar - condição sine qua non para um diagnóstico isento de preconceitos, tão em vogas nos dias de hoje.

    Esse parágrafo introdutório vem, na verdade, colocar as marcas do que gostaria de dizer sobre meus compatriotas desse lado do Atlântico. Porque apesar dos mais de vinte anos morando aqui, convivendo com eles, casada com um deles e mãe de um francesinho, algumas atitudes ainda me interpelam. Dentre elas, a excessiva formalidade que predomina nas relações sociais, por mais amigáveis que sejam. Apesar de respeitar essa característica dominante, ela me frustra e me reprime. Então eu me pergunto... seria possível haver uma sociedade organizada como a sociedade francesa sem essa formalidade extrema? Pois esse aspecto seria a expressão última da famosa frase atribuída ao inglês Herbert Spencer ao afirmar que "a liberdade de um termina onde começa a liberdade de outro", leitmotiv organizador do "viver junto" na França. Ela representa o autocontrole pelo respeito do espaço do outro, ou o domínio das paixões que se encontra no centro da filosofia cartesiana tão característica da cultura francesa.

    Nesse ímpeto, eu diria que algumas expressões linguísticas me parecem reveladoras dessa cultura. Em todas as culturas, a fala diz muito. Como exemplo dessa minha afirmação, eu colocaria a expressão que se usa para traduzir a nossa "gargalhada". Em francês se diz "fou rire", literalmente "riso louco". Só loucos riem alto, dão risadas barulhentas, daquelas que vêm do fundo da alma. A gargalhada deve representar, aqui, a falta do autocontrole, de comedimento, de contenção. Não se gargalha em público, e talvez - quem sabe? - nem mesmo no universo privado da casa, dos amigos. A gargalhada é a anti-moderação por excelência, essa moderação tão racional, cara aos meus amados compatriotas.

    Lembro-me bem de um dos primeiros choques culturais vivenciados. Foi quando dei uma daquelas boas gargalhadas, altas e liberadoras. Tão gostosas. Pergutaram-me quantas cervejas eu tinha tomado. Mal sabem eles. Eu deixava transparecer ali meu descontrole, o extrapolamento de um sentimento. Desde então, a manifestação da minha doce loucura está reservada somente aos íntimos que, como eu, se esforçam para não julgar.

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • O que a fala dizTodos os que me conhecem sabem da admiração que tenho pela França, país que sonhei e arduamente conquistei. Aqui construí um lar e me sinto plenamente cidadã apesar de ser - e o serei eternamente - estrangeira. Diria até que reivindico meu estrangeirismo. Minha cultura brasileira está nas minhas tripas e se manifesta no modo distanciado que tenho de observar a cultura francesa, embora não somente, pois acho que faço isso em todos os lugares onde vou. Talvez seja, como diz meu marido, uma deformação profissional, considerando minha formação em antropologia: essa disciplina é um modo de ver a vida, de observar as culturas, de analisar as condutas sem julgar - condição sine qua non para um diagnóstico isento de preconceitos, tão em vogas nos dias de hoje.

    Esse parágrafo introdutório vem, na verdade, colocar as marcas do que gostaria de dizer sobre meus compatriotas desse lado do Atlântico. Porque apesar dos mais de vinte anos morando aqui, convivendo com eles, casada com um deles e mãe de um francesinho, algumas atitudes ainda me interpelam. Dentre elas, a excessiva formalidade que predomina nas relações sociais, por mais amigáveis que sejam. Apesar de respeitar essa característica dominante, ela me frustra e me reprime. Então eu me pergunto... seria possível haver uma sociedade organizada como a sociedade francesa sem essa formalidade extrema? Pois esse aspecto seria a expressão última da famosa frase atribuída ao inglês Herbert Spencer ao afirmar que "a liberdade de um termina onde começa a liberdade de outro", leitmotiv organizador do "viver junto" na França. Ela representa o autocontrole pelo respeito do espaço do outro, ou o domínio das paixões que se encontra no centro da filosofia cartesiana tão característica da cultura francesa.

    Nesse ímpeto, eu diria que algumas expressões linguísticas me parecem reveladoras dessa cultura. Em todas as culturas, a fala diz muito. Como exemplo dessa minha afirmação, eu colocaria a expressão que se usa para traduzir a nossa "gargalhada". Em francês se diz "fou rire", literalmente "riso louco". Só loucos riem alto, dão risadas barulhentas, daquelas que vêm do fundo da alma. A gargalhada deve representar, aqui, a falta do autocontrole, de comedimento, de contenção. Não se gargalha em público, e talvez - quem sabe? - nem mesmo no universo privado da casa, dos amigos. A gargalhada é a anti-moderação por excelência, essa moderação tão racional, cara aos meus amados compatriotas.

    Lembro-me bem de um dos primeiros choques culturais vivenciados. Foi quando dei uma daquelas boas gargalhadas, altas e liberadoras. Tão gostosas. Pergutaram-me quantas cervejas eu tinha tomado. Mal sabem eles. Eu deixava transparecer ali meu descontrole, o extrapolamento de um sentimento. Desde então, a manifestação da minha doce loucura está reservada somente aos íntimos que, como eu, se esforçam para não julgar.

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Homenagem a um ilustre tradutorA tradução é uma profissão da sombra, como muitas outras. Os tradutores mais conhecidos ficaram famosos por seu trabalho como autor, como Milan Kundera ou o nosso Machado de Assis. É por essa razão que a homenagem prestada ao tradutor francês Bernard Hoepffner há alguns meses na revista L'Obs merece ser ressaltada. Esse post será minha maneira de honrar a memória de um ilustre colega que nos deixou cedo demais. 

    Confesso que não conhecia Bernard Hoepffner até a leitura da triste notícia de sua morte em maio desse ano. E portanto, nesse artigo publicado dia 13 de julho, ele é apresentado como um dos maiores tradutores franceses, tendo traduzido Joyce, Melville, Orwell, Self ou Sorrentino com uma grande sensibilidade e justeza. 

    A jornalista Anne Crignon lhe dedicou um artigo de três páginas intitulado literalmente "Um tradutor no mar" (Un traducteur à la mer), no qual ela conta sua trajetória sinuosa, de seu nascimento em Estrasburgo em 1946 a seu desaparecimento no mar, levado por uma onda no País de Gales, onde ele havia vivido e pelo qual era apaixonado. Ela fala de seu anticonformismo que contraria seu pai burguês que sonhava de um destino mais convencional para seu filho. Segundo as autoridades locais, a possibilidade de um suicídio não é excluida. 

    Seu percurso pontuado de contornos, seu espírito contestador e seu temperamento indócil revelam o perfil de alguém em busca de si mesmo, inquieto e curioso. Uma pessoa profunda. Essas características não me são totalmente indiferentes. Elas me lembraram uma pequena piada que circulava na faculdade durante meus estudos de antropologia, sobre a escolha de nossa profissão. Segundo ela, "aqueles que se sentem mal em sua sociedade estudam Sociologia, aqueles que se sentem mal consigo mesmo estudam Psicologia, e os que se sentem mal em sua sociedade e consigo mesmo estudam antropologia"

    Eu já havia falado aqui mesmo nesse blog sobre as semelhanças entre a antropologia e a tradução, sugerindo que a abordagem era a mesma, que consiste em traduzir um fato social, para a primeira, e um texto para a segunda, de uma cultura (ou de um grupo) a outra, tornando-os compreensíveis em um contexto diferente daquele no qual foram produzidos. Ao ler o artigo de Anne Crignon sobre a trajetória de Bernard Hoepffner, eu disse a mim mesma que a pequena piada que circulava na faculdade sobre uma certa inadequação dos antropólogos "colava" também a muitos de nós, tradutores, que vagamos de um universo a outro, em um vai e vem permanente que me é tão familiar. 

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Hommage à un illustre traducteurLa traduction est un métier de l'ombre, comme beaucoup d'autres. Les traducteurs les plus connus sont souvent devenus célèbres pour leur travail d'auteur, comme Milan Kundera ou Machado de Assis, grand romancier brésilien. C'est pour cette raison que l'hommage rendu au traducteur Bernard Hoepffner il y a quelques mois dans L'Obs mérite d'être souligné. Ce billet sera aussi ma manière à moi d'honorer un illustre collègue disparu trop tôt.

    J'avoue que je ne connaissais pas Bernard Hoepffner jusqu'à la triste nouvelle de sa disparition le 6 mai dernier. Et pourtant, dans cet article paru le 13 juillet, il est présenté comme l'un des plus grands traducteurs français, ayant traduit Joyce, Melville, Orwell, Self ou Sorrentino avec une grande sensibilité et justesse. 

    La journaliste Anne Crignon lui a consacré un article de trois pages intitulé " Un traducteur à la mer ", dans lequel elle raconte sa trajectoire bigarrée, de sa naissance à Strasbourg en 1946 à sa disparition en mer, emporté par une vague au Pays de Galles, où il avait vécu et qu'il a tant aimé. Elle parle de son esprit anticonformiste qui contrarie ce père bourgeois qui rêvait d'un destin davantage conventionnel pour son fils. D'après les autorités locales, la possibilité d'un suicide n'est pas totalement exclue. 

    Son parcours ponctué de détours, son esprit contestataire et son tempérament indocile révèlent le profil de quelqu'un qui se cherche, inquiet et curieux, et qui semble lancé à une recherche permanente de quelque chose que lui-même ne sait peut-être pas très bien ce que c'est. Quelqu'un de profond. Ces caractéristiques ne me sont pas totalement indifférentes. Elles m'ont fait penser à une petite blague qui circulait à la faculté pendant mes études d'anthropologie à propos du choix de notre métier, selon laquelle " ceux qui se sentent mal dans leur société étudient la Sociologie, ceux qui se sentent mal dans leur peau étudient la psychologie et ceux qui se sentent mal dans leur peau et dans leur société étudient l'anthropologie ". 

    J'avais déjà abordé ici-même les similitudes entre l'anthropologie et la traduction, suggérant que la démarche était la même, qui consiste à traduire un fait social pour la première et un texte pour la seconde d'une culture (ou d'un groupe) à l'autre, en les rendant compréhensibles dans un contexte différent de celui dans lequel ils ont été produits. A la lecture du récit d'Anne Crignon sur la trajectoire de Bernard Hoepffner, je me suis dit que la petite blague qui courait à la fac sur une certaine inadéquation des anthropologues colle aussi bien à beaucoup d'entre nous, traducteurs, qui errons d'un univers à l'autre, dans un va et vient permanent qui m'est si familier. 

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire
  • Falamos como passarinhosDesde que comecei a aprender outros idiomas, fico sempre atenta à pronúncia e modo de falar das pessoas, principalmente dos estrangeiros cujos idiomas compreendo. Aqui mesmo na França, onde moro há mais de vinte anos, mantenho essa prática com amigos e familiares. Observo, comparo, disseco o uso de expressões e termos específicos, não para julgar eventuais erros - não teria essa arrogante pretensão - mas para retirar, deles, particularidades que remetem à cultura de cada um, nacional ou regional. Como diz meu marido, é uma deformação profissional, pois não consigo deixar de analisar. Às vezes é mesmo cansativo.

    Porém, através desse comportamento, aprendi muito sobre nós, brasileiros. No contato com meus compatriotas que também moram no exterior, percebi o quanto sou carioca. Descobri as particularidades linguísticas, comportamentais e culturais dos que moram no Rio de Janeiro, inclusive através das reações de cada um diante dos hábitos franceses: alagoano, maranhense, goiano ou paulista, cada um revela um Brasil diferente diante do formalismo francês, do frio europeu, da alimentação e até mesmo do modo de se vestir, como essa amiga cearense que ficou com o pé todo ferido porque nunca antes, em sua vida, havia usado sapatos fechados, acessório obrigatório no inverno dos estados do sul. É realmente fascinante.

    Recentemente, ao ler "Como aprendi o português", de Paulo Rónai, um colega tradutor húngaro que emigrou para o Brasil nos anos 1940, pude vivenciar a sensação contrária ao entrar - um pouquinho - na pele do estrangeiro que aprende português, e que me levou a pensar no nosso idioma e no modo como o falamos, o que, diga-se de passagem, ajuda muito nas aulas de português para estrangeiros. 

    Rónai comenta que um outro húngaro que também havia se lançado na aventura de aprender o português, dissera-lhe que esta língua parecia "alegre e doce, como um idioma de passarinhos". Agradável comparação. 

    Nada sei sobre a língua húngara, idioma materno do autor do livro, mas pude entender, através de seu relato, que é econômico em vogais. Assim, surpreendeu-me sua analogia quando diz ter tido a impressão que o português era como "um latim falado por crianças ou velhos, de qualquer maneira gente que não tivesse dentes. Se os tivesse, como haveria perdido tantas consoantes?". E cita a esquisitice de palavras como lua, pessoa ou veia. Confesso que nunca havia pensado no nosso falar dessa maneira. Morri de rir. 

    Gostei tanto que achei que deveria compartilhar esse trecho com vocês, amigos, colegas e leitores do meu blog. Muitos outros trechos também merecem um post. É provável que Rónai apareça por aqui outra vez. 

     

    Como aprendi português e outras aventuras, Paulo Rónai, Casa da Palavra, 2013.

     

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    6 commentaires
  • L'auto-publicationIl y a quelques années, j'avais participé à une discussion enflammée sur l’auto-publication. Le principal argument de ceux qui se plaçaient contre cette forme d'édition me semblait clair : la qualité des textes n'est pas toujours au rendez-vous, ce qui est compréhensible si l'on considère que, dans la plupart des cas, ces textes ne sont pas révisés ou corrigés, étapes indispensables dans la publication d'un livre par une Maison d'Edition. 

    Je ne pourrais pas ne pas être d'accord avec ces arguments qui me semblent, d'ailleurs, incontestables. Ayant auto-publié trois livres, je sais combien la relecture m'aurait été nécessaire : après écrire, lire et relire un texte plusieurs fois, nous laissons passer des fautes parfois criantes qu'un correcteur voit au premier coup d’œil. Que celui qui ne les a jamais commises jette la première pierre. Nous retrouvons, ainsi, dans ce nouveau marché parallèle, des livres mal écrits, mal formatés et dont les thèmes présentent parfois un intérêt relatif ou, disons-le autrement, susceptibles d'intéresser à un nombre restreint de lecteurs. 

    Or, il serait très hypocrite de ma part ne pas admettre que l'idéal d'un écrivain est de voir son travail publié par une Maison d'Edition reconnue. C'est le mien, en tout cas. Cependant, le nombre croissant d'auteurs et la pertinence relative des thèmes proposés dépassent souvent les impératifs commerciaux de ces Maisons d'Edition, même si certains textes se révèlent parfois être un vrai petit bijou. L'auto-publication s'impose, donc, comme un excellent moyen de diffusion de travaux qui ne seraient jamais publiés autrement. Et l'auteur devra se préparer à confronter les appréciations et commentaires des lecteurs pas toujours aimables, sans aucun support, car ils seront ses critiques directs, sans filtre.

    Parmi les divers arguments pour l'auto-publication, celui que j'ai considéré le plus séduisant ne se trouvait pas dans la discussion mentionnée ci-dessus, mais dans un article écrit par l'écrivain Paulo Coelho dans un magazine brésilien paru en juin 2012. Il s'intitulait " L'intellectuel est mort, vive l'intellectuel ". Dans son texte, Coelho disait que pour la première fois dans notre histoire, nous avons un accès illimité à un grand nombre de biens culturels, permettant à l'auteur inconnu d'avoir la possibilité " de trouver sa place d'une manière rapide et effective, indépendamment du support des médias traditionnels ". Il plaçait ce fait dans une édifiante perspective historique, et nous rappelait le manque de reconnaissance dont certains auteurs ont souffert de la part de la critique littéraire ou de la presse de son époque, et nous en donnait quelques exemples : le critique littéraire Lord Byron aurait dit à propos de Shakespeare que " son nom est survalorisé et sera bientôt oublié "; le journal Le Figaro affirmait en 1857 que " Flaubert n'est pas un écrivain " ; ou encore le New York Herald Tribune disant que Le Grand Gatsby " ne dépasserait pas une saison littéraire ".

    A la fin de son article, Paulo Coelho invite cette nouvelle génération d'écrivains brésiliens à se servir de ces nouveaux moyens de production et diffusion mis à sa disposition, sans s'inquiéter si son travail plaira nécessairement à ceux qu'il appelle de pseudo-érudits en faisant référence aux critiques littéraires. 

    Il sait de quoi il parle. Cet auteur, qui a toujours été méprisé par les critiques littéraires de son pays, est l'écrivain brésilien le plus traduit et le plus publié dans le monde. Beaucoup de ses livres ont eu un énorme succès commercial dans divers pays, en particulier ici en France. Je crois que Erika Leonard non plus ne se positionnerait jamais contre l'auto-publication, car ce fut ainsi qui a commencé le succès phénoménal de " Cinquante nuances de gris " et ses quarante millions d'exemplaires vendus dans le monde.

    Partager via Gmail Yahoo! Blogmarks

    votre commentaire